Le message est clair. Ce sont 327 députés de la Chambre des communes, de tous les partis, qui ont soutenu la motion du Nouveau Parti démocratique demandant notamment au gouvernement de « lancer une stratégie alimentaire abordable et équitable qui s’attaque à la cupidité des entreprises du secteur des épiceries, notamment en demandant au Bureau de la concurrence de mener une enquête sur les profits des chaînes de marchés d’alimentation ».
Or, le président de Loblaw, Galen Weston, a affirmé par voie de communiqué que la hausse historique des prix des aliments est « en grande partie hors de [son] contrôle ». Avec la mesure annoncée, il dit concentrer ses efforts sur ce qu’il peut contrôler, dans l’objectif de « permettre aux consommateurs de pouvoir mieux prévoir le montant à allouer à leur budget alimentaire ».
Le directeur des Banques alimentaires du Québec, Martin Munger, a accueilli favorablement cette mesure, étant donné que le nombre de personnes ayant recours à son réseau aurait augmenté de plus de 30 % depuis 2019, si bien qu’il peine à répondre à la demande.
« Il s’agit d’une technique publicitaire pour montrer aux consommateurs qu’on se soucie d’eux », analyse Maryse Côté-Hamel, professeure adjointe en science de la consommation à l’Université Laval. Cette stratégie a déjà été adoptée par d’autres chaînes dans d’autres pays, notamment en Europe, souligne-t-elle.
Mme Côté-Hamel fait remarquer que Loblaw a choisi de ne geler les prix que d’une seule de ses deux marques maison, elle qui commercialise aussi Le Choix du Président. Selon JoAnne Labrecque, professeure honoraire en marketing à HEC Montréal, l’entreprise a fait ce choix parce que la marque Sans nom, déjà meilleur marché, est susceptible de fidéliser les consommateurs qui sont les plus influencés par les prix.
La concurrence devrait réagir
Mais si ces clients continuent de comparer les prix dans plusieurs magasins, ils pourraient se rendre compte que certains produits seront tout de même moins chers ailleurs, grâce à des rabais ou à des politiques de « prix imbattable ». « La stratégie de Loblaw a l’air agressive, mais c’est un marché très concurrentiel, et les autres distributeurs risquent de réagir », estime Mme Labrecque.
Metro a d’ailleurs signifié au Devoir, par courriel, que « c’est une pratique d’industrie d’être en gel de prix du 1er novembre au 5 février pour l’ensemble des produits d’épicerie de marques privées et de marques nationales (sauf les “commodités” comme le sucre ou le café) et ce sera le cas dans l’ensemble des enseignes de Metro ». « Il se peut que quelques augmentations de prix reçues avant le 31 octobre apparaissent à la tablette, mais aucune augmentation de prix par la suite », a écrit la cheffe des communications, Geneviève Grégoire.
Les prix peuvent-ils monter assez en trois mois pour que cela change beaucoup de choses pour les consommateurs ? Si l’on se fie à l’Indice des prix à la consommation diffusé par Statistique Canada, le panier d’épicerie a augmenté de 1,7 % entre mai et août, ce qui équivaut à 1,70 $ de plus sur une commande de 100 $. Les trois prochains mois sont difficiles à prévoir, mais rien ne laisse croire à une diminution significative des prix, selon Mme Labrecque et Mme Côté-Hamel.
Mme Côté-Hamel souligne également qu’il est peu probable que les consommateurs composent un panier d’épicerie exclusivement de produits Sans nom. Cette marque contient surtout des produits transformés et peu de fruits, de légumes et de viande, constate-t-elle.
« Les épiceries savent que les consommateurs vont devoir en acheter quand même. Est-ce que certains produits vont avoir une forte hausse pour compenser ceux dont les prix sont maintenus plus bas ? » se demande la professeure de l’Université Laval.
Rappelons que le bénéfice net ajusté de Loblaw a augmenté de 22 % lors du trimestre le plus récent de 2022, pour atteindre 566 millions de dollars.
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Source : Lire l'article complet par Le Devoir