Pour utiliser la langue de bois de la pub, la famille est très tendance en 2022. Deux de nos congrégations télévisuelles proposent ainsi, en même temps, de nous accompagner, voire de s’identifier à leur esprit grégaire. Phénomène de l’après-pandémie, on se retrouve chez les disquaires comme dans la parenté rassemblée et reconstituée. Les deux disques sont d’ailleurs fort bien faits, ce sont après tout nos champions musiciens qui s’y collent : un Alex McMahon, un Antoine Gratton pour habiller la chorale, un Jean-François Groulx et un Paul Brochu pour enrober l’univers. Avertissement : les photos de pochettes se ressemblent, à s’y méprendre. Les émissions aussi. Pas grave, achetez les deux albums.
Du choix et des choux
Le fait est que sous le sapin, encore et toujours roi des forêts, se côtoient cette année des choix choux de toutes croyances et toutes logiques commerçantes : plus que jamais sont juxtaposés du nommément Christmas, du Noël escamoté sous le gui, de la québécitude pure laine judéo-chrétienne en rémission des péchés à l’heure solennelle, sans oublier les marrons du Great American Songbook saisonnier sur le feu de foyer.
Il y a les offrandes grand chic, on n’y échappe pas. Dans le genre, on préférera de très loin l’album d’un Nicola Ciccone (L’esprit de Noël), qui alterne avec beaucoup de goût les créations de l’auteur-compositeur et les classiques (en français, en anglais et en italien), à la recette d’un Vincent Niclo (Le premier Noël ensemble), autoproclamé « ténor pop lyrique no 1 en Europe », dont les interprétations sont convenues et raides comme un arbre en plastique. À tout prendre, on ira plutôt se réchauffer auprès de Nikki By Starlight, florilège tendre de reprises jazzy un peu sixties dans l’approche, où la chanteuse montréalaise Nikki Yanofsky va chez Bing Crosby, Chet Baker ou Billie Holiday comme si elle y avait toujours eu sa place réservée.
Les cadeaux inattendus
Tendance rimant avec abondance, les albums ne suffisent pas et les fours ne fournissent plus, tellement les services d’écoute en continu ont faim de nourriture : les plats de bouchées toutes différentes se multiplient. C’est le retour en force de la chanson toute seule, héritière lointaine du 45 tours, servie chaude. Ici une Sara Dufour irrépressible qui met la table avec La tourtière à ma grand-mère, là un With Bells On façon country dynamique par le tandem Maxime Landry-Annie Blanchard, on se régale et on digère mieux.
Cadeaux inattendus ? Ça se peut encore. On s’étonne de la capacité infinie de varier la recette. Qui eût pu imaginer que l’Ontarienne d’origine Andrea Lindsay, invitée par le groupe Glass Tiger à collaborer dans les deux langues officielles, exaucerait un rêve à la fois pancanadien et planétaire : la chanson Santa Get Your Sleigh est ainsi adaptée en un hymne sans frontières ni grelots, intitulé Pour l’amour du monde (texte Lindsay-De Larochellière). Tout aussi heureuse création, on savoure la très, très belle Christmas on My Mind qu’un Elliot Maginot inspiré nous sort de nulle part, riche en harmonies et mélodique en titi. Cette chanson bénie, on vous le dit comme on le ressent, c’est l’ovni chéri qui devrait se poser partout, chez vous comme chez nous. Avec le mot Christmas dans le titre, eh oui, et le coeur à la bonne place.
À voir en vidéo
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Source : Lire l'article complet par Le Devoir