Face à la crise actuelle liée au coût de la vie, de nombreux Canadiens se demandent quand aura lieu la prochaine récession et s’inquiètent de l’état de leurs finances. Voici six conseils à suivre de deux professeurs universitaires, Walid Hejazi et George Georgopoulos, pour faire face à la récession.
ANALYSE – Malgré les apparences, et c’est ce que de nombreuses personnes croient, nous ne sommes pas encore en récession. Une récession est définie comme deux trimestres successifs de croissance négative du PIB, mais il s’agit essentiellement d’une période où la croissance économique chute de manière considérable avec une augmentation du taux de chômage.
En raison de l’absence d’une définition précise, on ne s’accorde pas toujours à dire qu’une économie est en récession. Au Canada, le gouvernement n’a pas fait de déclaration récente, mais le C.D. Howe Institute, un organisme canadien de recherche politique à but non lucratif, suit les récessions de façon indépendante.
Selon l’Institut, la dernière récession a commencé en mars 2020 au plus fort de la première vague de Covid-19. L’Institut a déclaré la fin de la récession en août 2021. La crise actuelle liée au coût de la vie pousse de nombreux Canadiens à se demander quand aura lieu la prochaine.
Une inflation galopante
Les économistes sont unanimes à penser qu’une récession se produira probablement en 2023. Cette prévision s’explique en grande partie par la hausse vigoureuse des taux d’intérêt par les banques centrales du monde entier pour lutter contre l’inflation.
Les taux d’inflation — le taux d’augmentation des prix que nous payons pour les biens et services — ont atteint des niveaux jamais vus depuis quatre décennies. Les taux d’inflation élevés affectent le pouvoir d’achat et les gens ont de plus en plus de mal à se procurer les produits de première nécessité, comme les denrées alimentaires. L’inflation a également des répercussions négatives sur l’efficacité économique, entraînant une diminution globale de la croissance.
Lorsque les taux d’intérêt augmentent, il devient plus difficile de financer l’achat de biens plus importants, comme les voitures, les maisons et les vacances. La hausse des taux d’intérêt rend plus coûteux tout achat nécessitant un financement.
Les dettes existantes assorties de taux d’intérêt variables entraînent également une majoration du coût de portage de ces dettes. Par conséquent, la demande de nombreux biens et services diminue, tout comme l’inflation.
Que se passe-t-il lors d’une récession?
Pendant une récession, les entreprises sont obligées de réduire l’embauche, de licencier des travailleurs et de diminuer les heures de travail. Si une récession survient, des dizaines de milliers de Canadiens se retrouveront au chômage ou verront leurs heures de travail réduites.
Un grand nombre de ces pertes d’emploi seront concentrées dans le secteur des services, en particulier dans l’économie de petits boulots où les revenus ont tendance à être plus faibles et l’emploi est précaire.
Une perte de revenu signifie que les gens doivent puiser dans leurs économies — en supposant qu’ils en aient — pour payer les articles essentiels comme la nourriture, le logement et le transport. Les pertes d’emploi potentielles ou la réduction des heures de travail constituent donc la plus grande conséquence d’une récession; la plupart des gens doivent s’y préparer.
Comment se préparer
Avec une récession qui semble imminente, de nombreux Canadiens s’inquiètent à juste titre de l’état de leurs finances. Voici six conseils à suivre pour y faire face:
- Réduisez immédiatement vos dépenses, en particulier celles consacrées aux articles non essentiels. Profitez de l’occasion pour revoir votre budget et reconsidérer les habitudes d’achat quotidiens qui se multiplient. Plutôt que de dîner au restaurant chaque jour, pensez à préparer un repas. Réexaminez ces abonnements qui sont prélevés automatiquement de votre compte chaque mois. C’est le moment idéal pour analyser et justifier vos habitudes d’achat, et pour remanier votre budget.
- Remboursez votre dette de carte de crédit maintenant. Il est important de rembourser les dettes à intérêt élevé autant que possible, le plus tôt possible. Au cours des prochains mois, les taux d’intérêt continueront à augmenter, ce qui rendra la gestion des dettes plus ardue. Des soldes moins élevés contribuent a réduire le montant des versements d’intérêts pendant toute période de perte de revenu ou d’emploi, ce qui permet de traverser plus facilement les moments difficiles pour le portefeuille.
- Prêtez une attention particulière au paiement des factures et évitez les frais de retard. Ces frais s’accumulent également avec le temps. Établissez un plan pour vous assurer que les paiements de factures sont effectués à la date d’échéance ou avant. Payer ses factures en retard entraîne des sanctions pécuniaires, ce que vous voulez toujours éviter, mais surtout en période de récession.
- Soyez prêt à perdre votre emploi. Assurez-vous que vos CV et lettres de présentation sont à jour et que vous êtes prêt à chercher un emploi. En cas de licenciement, soyez préparés à trouver un autre poste rapidement.
- Devenez plus facilement embauchable. Comme les récessions frappent généralement plus durement les personnes ayant moins d’expérience et moins de qualifications, vous devriez mettre à jour vos compétences professionnelles. Explorez les options virtuelles qui offrent d’excellentes possibilités de perfectionnement, ou les formations en présentiel dans les collèges et universités du pays, pour parfaire votre éducation et accroître vos compétences.
- Si possible, essayez d’obtenir un emploi à l’abri de la récession. Les emplois les mieux adaptés à un ralentissement économique dépendent du niveau de compétences, mais on les trouve généralement dans le secteur public, les soins de santé et l’éducation. Bien entendu, ces emplois ne conviennent pas à tout le monde. Chacun doit envisager les options qui correspondent à ses habiletés et à ses préférences. Cette stratégie est beaucoup plus efficace lorsque vos compétences et votre CV sont mis à jour et que vous êtes bien préparé.
Prévoir le pire, espérer le meilleur
Certaines de ces stratégies sont plus faciles à mettre en œuvre que d’autres. Mais la plus grande leçon de toutes est peut-être de toujours se préparer au pire. Les récessions, ou ralentissements économiques, font partie de ce que l’on appelle le cycle économique, qui décrit les hauts et les bas de l’économie. Elles se produisent généralement une fois par décennie et parfois plus souvent.
Les gens devraient toujours être bien préparés à de tels ralentissements. Il est beaucoup plus facile d’appliquer les stratégies ci-dessus bien avant une récession, au lieu d’attendre le dernier moment. Plus on s’approche d’une récession et plus il est difficile de bien se préparer en appliquant ces stratégies.
Même en prévoyant le coup, les récessions peuvent être très pénibles à vivre. Mais la bonne nouvelle est qu’elles ne durent pas éternellement. La seule chose que nous pouvons faire est de prévoir le pire et d’espérer le meilleur.
Walid Hejazi, professeur de commerce international, Rotman School of Management, Université de Toronto et George Georgopoulos, professeur agrégé, Université York, Canada.
Cet article est republié à partir de The Conversation sous licence Creative Commons. Lire l’article original.
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