Ces aubaines qui appauvrissent

Ces aubaines qui appauvrissent

Nous voici à cette période de l’année pendant laquelle nos efforts pour vivre l’instant présent et respirer profondément se conjuguent à des pressions marketing émanant de toutes parts pour faire triompher nos désirs de consommer. Comment respirer par le ventre quand on a l’impression de rater l’aubaine de l’année ? Courriels et messages publicitaires ciblés captent depuis déjà quelques jours, voire quelques semaines, notre attention, et ce, plusieurs fois par jour. Des soldes du « pré-Vendredi fou à ceux du week-end du Vendredi fou, en passant par ceux du Cyberlundi et des soldes d’Après-Noël, nous ne réalisons peut-être pas que, pendant deux mois, soit 17 % de l’année, le marketing réussira nombre de fois à nous convaincre que nous ne pouvons pas passer à côté d’économies « imbattables ».

Notre esprit se fait sournoisement convaincre qu’en profitant de tous ces soldes annoncés, nous allons vraiment économiser. Aurions-nous oublié ce fameux budget préparé en début d’année ? Celui-ci prévoyait-il tous les achats qui pourraient être faits sous le coup de l’émotion dans les prochains jours ? Pour ceux qui pratiquent l’exercice de tenir un budget de caisse, des réserves de liquidités ont certainement été accumulées en prévision des coûteux mois de novembre et décembre. Ainsi, il n’est pas exclu de profiter des soldes pour acheter ce qui était déjà planifié.

Le danger se trouve dans les fameuses économies potentielles qui se transforment en surconsommation, laquelle mène, dans de nombreux cas, tout droit à l’endettement. Les ménages dont le revenu est élevé ne sont pas à l’abri de cet appauvrissement, bien au contraire ! Dans leur cas, la surconsommation ne mènera peut-être pas à l’endettement direct sur les cartes de crédit, mais elle peut sournoisement les éloigner de leurs objectifs financiers à long terme. Les liquidités sont plus régulières et plus importantes, certes, mais sans suivi budgétaire, à vouloir tant profiter des soldes, c’est l’épargne pour la retraite et le remboursement de l’hypothèque qui peuvent écoper.

Nous apprenions cette semaine que seulement le tiers des ménages a l’intention de réduire sa consommation pour le temps de Fêtes cette année, alors que la majorité a l’intention de dépenser plus ! Malgré l’inflation, malgré l’incertitude économique, il semble y avoir un besoin de « rattraper » les derniers temps des Fêtes bousculés par la pandémie. Un conseil que j’aime rappeler prend ici toute son importance : même le meilleur des soldes ne représente pas une économie s’il vous fait acheter quelque chose dont vous n’avez pas réellement besoin et si vous n’avez pas planifié cette transaction.

L’abc du consommateur averti

Voici quelques rappels de base pour bien vous prémunir contre cette attaque du marketing en cours.

Moins, c’est mieux. Si vous consommez moins pendant que les autres courent les soldes, vous aurez peut-être moins économisé, mais vous serez plus riches quand même… À méditer !

Évitez à tout prix le recours au crédit pour profiter d’un solde. Il est maintenant possible d’acheter et de payer en quelques paiements différés : si vous achetez un bien seulement sur la base de cette option, il semble clair que vous achetez quelque chose qui devrait attendre.

Dressez une liste des articles dont vous avez besoin. Optez pour un magasinage porté par la raison et non par les émotions. Vos recherches en ligne vous permettront d’établir le prix courant et le rabais minimal que vous voulez voir afficher pour vous le procurer. Vos achats devraient se limiter à cette liste.

Analysez bien les soldes des magasins que vous fréquentez. Certains offrent des soldes plus intéressants à d’autres périodes de l’année que pendant le Vendredi fou ou lors du Boxing Day. Le recours à une publication spécialisée peut aussi vous aider à faire de meilleurs choix.

Ne déviez pas de votre plan. Les aubaines annoncées visent à vous amener en magasin (physique ou en ligne) puisqu’il y a fort à parier que lorsque vous constaterez que les articles en solde sont plutôt limités, vous achèterez quand même d’autres articles qui ne font pas partie de votre sélection de départ ! Votre mission consiste donc, si vous succombez à une promotion marketing, à n’acheter que l’article en question et, s’il ne convient pas, à revenir bredouille.

Magasiner en ligne pour tester vos envies. Par exemple, placez dans le panier d’achats les objets de vos désirs et résistez à toutes les alertes du type « il n’en reste que quelques-uns » ou aux décomptes en jours-heures-minutes-secondes. Ensuite, allez vous coucher ou vaquez à vos activités. Vous verrez le lendemain si ce qui, sur le coup de l’émotion, semblait un besoin absolu l’est encore.

Enfin, rappelez-vous que magasiner n’est pas un loisir ni un sport. Ce dernier conseil peut sembler extrêmement sage et moralisateur en ce week-end de novembre. Mais plus nous passons du temps de qualité en famille et avec nos amis, plus nous prenons soin de nous et de nos proches, moins nous avons de temps pour consommer. Je préfère, personnellement, accumuler des souvenirs que des points fidélité sur ma carte de crédit…

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À propos de l'auteur : Le Devoir

Le Devoir a été fondé le 10 janvier 1910 par le journaliste et homme politique Henri Bourassa. Le fondateur avait souhaité que son journal demeure totalement indépendant et qu’il ne puisse être vendu à aucun groupe, ce qui est toujours le cas cent ans plus tard. De journal de combat à sa création, Le Devoir a évolué vers la formule du journal d’information dans la tradition nord-américaine. Il s’engage à défendre les idées et les causes qui assureront l’avancement politique, économique, culturel et social de la société québécoise. www.ledevoir.com

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